Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/49

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monisait ; aucune autre secousse n’était prochaine : on pouvait atterrir.

Quelques membres du Grand Conseil reçurent les délégués des Hautes-Sources. Les paroles furent rares et rapides. Le nouveau désastre, exigeant toutes les énergies disponibles, les Neuf se mêlèrent aux sauveteurs.

Les plaintes parurent d’abord intolérables. Des blessures atroces avaient raison du fatalisme des adultes ; les cris des enfants étaient comme l’âme stridente et sauvage de la Douleur…

Enfin, les anesthésiques apportèrent leur aide bienfaisante. L’ardente souffrance sombra au fond de l’inconscient. On n’entendait plus que des clameurs éparses, les clameurs de ceux qui gisaient dans la profondeur des ruines.

Une de ces clameurs attira Targ. Elle était craintive, non douloureuse ; elle avait un charme énigmatique et frais. Longtemps, le jeune homme ne put la situer… Enfin, il découvrit un creux d’où elle jaillissait plus nette. Des blocs arrêtaient le veilleur, qu’il se mit à écarter avec prudence. Il lui fallait constamment interrompre le travail devant les menaces sourdes du minéral : des trouées se formaient, brusques, des pierres s’éboulaient ou bien on entendait des vibrations suspectes.

La plainte s’était tue ; la tension nerveuse et la fatigue couvraient de sueur les tempes de Targ…