Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/53

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saient sur le sol ne s’expliquait par aucun organe. Mais il se désintéressait vite d’elles. L’image d’Érê l’entraînait ; il y avait une relation confuse entre cette marche dans la solitude et l’héroïsme éveillé dans son âme. Il cherchait confusément l’aventure, l’aventure impossible, l’aventure chimérique : la découverte de l’Eau.

L’Eau, seule, pouvait lui donner Érê. Toutes les lois de l’homme le séparaient d’elle. Hier encore, il aurait pu la rêver pour épouse : il suffisait qu’une fille des Hautes-Sources fût, en échange, accueillie aux Terres-Rouges. Après la catastrophe, l’échange devenait impossible. Les Hautes-Sources recevraient des exilés, mais en les condamnant au célibat. La loi était inexorable ; Targ l’acceptait comme une nécessité supérieure…

La lune fut claire ; elle étalait son disque de nacre et d’argent sur les collines occidentales. Hypnotisé, Targ se dirigeait vers elle. Il vint dans un terroir de roches. La trace du désastre y restait ; plusieurs s’étaient renversées, d’autres fendues ; partout, la terre siliceuse montrait des crevasses.

— On dirait, murmurait le jeune homme, que la secousse a atteint ici sa plus grande violence… Pourquoi ?

Son rêve s’éloignait un peu, l’ambiance excitait sa curiosité.

— Pourquoi ? se redemanda-t-il… Oui, pourquoi ?