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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/106

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

a perdu le contrôle de l’appareil, quelque chose s’est détraqué. »

Le désespoir grandissait dans nos cœurs. Antoine allait périr dans l’étendue sans bornes, et nous, exilés, n’avions qu’à attendre la mort après une agonie que sa lenteur rendrait plus lamentable.

Que la Terre me paraissait belle ! Les souvenirs montaient innombrables : l’enfance, la jeunesse, ceux que j’aimais et que j’avais aimés, les grands matins où la vie recommence, la terre reverdissante, les eaux, source de toute vie, et dont j’ai toujours raffolé, les crépuscules de rêve, les hivers où le refuge est si doux, les grandes et les petites aventures… Ah ! ne jamais revivre cela, expirer misérablement sur une planète ingrate, dévorée par le désert ! Il y a Grâce pourtant, qui rendrait la vie acceptable, et même merveilleuse, si la vie sur Mars n’était pas impossible.

Une heure a passé, longue comme plusieurs jours. Nous nous sommes réfugiés dans le blockhaus. Au moins y avons-nous installé tous les appareils propres à condenser l’air martien et aussi des générateurs d’oxygène. Avec nos hélices, nous pourrons rejoindre Grâce, le Chef Implicite et nous réfugier dans le premier blockhaus, dont l’outillage est plus complet que celui du second,

Deux heures ont passé. Toute apparence d’espoir a disparu. Nous n’avons pas la force de nous parler.