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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/108

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

— Dont aucun ne vaut le nôtre.

— On en construisait de nouveaux à notre départ. Alors, peut-être !… »

Une onde d’espoir passe et repasse, puis la détresse reprend plus profonde.

« Tâchez de dormir quelques heures, nous dit Jean, je prendrai la première veille. »

Dormir ! Est-ce possible ?

Les pensées et les sensations, nées les unes des autres, déferlent en tumulte. Telle idée me couvre de sueur froide, telle autre éveille des multitudes d’images et d’espoirs. Faudra-t-il attendre le moment où, les derniers vestiges d’espoir ayant disparu, on sombre fatalement ? Je ne sais pas et qu’importe…

Et si tout de même la Terre venait à notre secours ?

Violaine, Grâce… Elles planent dans la nuée. Un amour triste comme la mort m’enveloppe. Ah ! pauvre Violaine. Je ne cesse de la voir là-bas, petite humaine faite pour une longue vie, si apte au bonheur et que notre faiblesse a menée à la mort.

J’ai dormi. La jeunesse. Dans le brouillard du demi-réveil, je me suis cru sur la Terre : une forêt vierge, une rivière, mon vieux jardin à moitié sauvage, l’odeur du matin… Un sursaut, une onde au