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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/112

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xiii



l ne nous reste plus que six ou sept semaines à vivre ici. Nous pourrions prolonger le séjour, mais ce serait dangereux : Antoine s’y oppose formellement. C’est la sagesse et aussi le droit de chaque Compagnon. La délibération a été longue. Jean, toujours enclin au risque, a fini par se soumettre à la nécessité ; Violaine aussi. Il a bien fallu que je me résigne, avec quelle tristesse !

L’idée de ne plus voir Grâce est insupportable, encore plus que lors du premier voyage. Elle m’est devenue si chère ! Un tel accord, une intimité si complète serait impossible avec une créature humaine. À son contact, j’ai acquis de nouvelles propriétés vitales ; son atmosphère me pénètre intimement ; elle-même a subi une métamorphose subtile qui la rapproche de mon humanité. Dans l’univers infini, nous formons sûrement un couple unique par la fusion de mentalités si dissemblables et l’on ne sait quelles ressemblances indécises.

Faudra-t-il vraiment la quitter ? Maintenant qu’elle a transformé les énergies de mon être, cela me semble une sorte de suicide : longtemps la vie