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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/13

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

ments de la foule, nous voyons ses remous frénétiques. C’est bref, Bientôt, il n’y a plus qu’une confuse agitation d’insectes aériens et terrestres.

Puis des paysages et des cités, puis une surface indécise et quelques ultimes aviateurs.

« Allons ! murmure Antoine, l’Espace nous tient !

— Et nous le tenons ! » riposte Jean le téméraire.

Violaine, un peu pâle, ajoute :

« Esclaves et maîtres. »

Des jours, encore des jours. Il est étrange après tout que nous ayons si peu de crainte. Seuls, dans la solitude, et quelle solitude ! Aucune ressource, dans cette vaste ambiance qui est, pour nos vies matérielles, le vide absolu.

Qu’il y ait là, comme je le soupçonne, mieux, comme je le crois, un grouillement d’existences incompatibles avec les nôtres, à peine si quelques indices commencent à le révéler à nos plus subtils appareils, prolongements de nos personnes. À peine une infime perception, indirecte de quelque chose.

L’atmosphère terrestre se révèle à nous perpétuellement par sa résistance, par ses souffles, de la plus légère brise du matin jusqu’aux cyclones qui soulèvent et font sombrer les grands navires, déracinent les arbres et abattent les monuments. Ici, rien, rien. Nulle résistance, nul mouvement hors celui, matériel, des astres, nulle révélation.