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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/134

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

être le dernier chaînon d’une chaîne vertigineuse d’ancêtres… et remarquez qu’elle est plus vivace qu’elle ne le fut là-bas. Puis ce sera comme une espèce de commémoration de son séjour terrestre — car je suppose qu’elle pense retourner dans sa patrie astrale… Et finalement, parce que Violaine… »

Il s’arrêta et se mit à rire :

« Par émulation ? fit Antoine.

— Ça, vieil Antoine, c’est presque de la médisance. Je dirais plutôt par sympathie…

— À la bonne heure ! » dit Violaine.

Nous contemplâmes un moment les somptueux nuages ; là-bas, des fleuves, des montagnes, des golfes naissaient et mouraient lentement. Et Grâce, dans son nimbe argenté parcouru de fins réseaux d’émeraude et ses grands yeux plus étincelants que les étoiles, mêlait un charme vivant à la beauté souveraine du ciel occidental.

« Merveilleux mode de reproduction ! murmura Jean. Ne serait-ce pas une preuve de la supériorité des Martiens au moins comme nature ?

— Gardons-nous de ce genre d’hypothèses ! fit Antoine. C’est plutôt une manifestation suprême, avant la fin de la vie martienne.

— La disparition s’exclama Violaine. Mais les Martiens ne sont pas près de disparaître, j’espère.

— À un million d’années près. Je dis million pour fixer les idées. J’aurais aussi bien pu dire moins ou plus.