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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/138

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

soubresauts comme si les pattes se détendaient à la manière de ressorts. L’autre, sinueuse comme une belette, était vêtue d’amarante sur le dos, de rose sur le ventre avec des filets émeraude ; ses pattes s’étalaient presque horizontalement, terminées en spatules et la faisaient progresser moitié rampant, moitié bondissant.

Toutes deux avaient six grands yeux dont la beauté dépassait de loin ceux de tous les animaux terrestres, de la gazelle au tigre, six foyers où passaient toutes les couleurs et toutes les nuances du spectre solaire…

Comme je revenais du fond du jardin, je vis accourir Grâce ; elle tenait son enfant dans les bras : signe que sa croissance embryonnaire était terminée. Et déjà les yeux du petit être étaient magnifiques.

« Je suis heureuse, dit-elle… Je le voue à la Terre, sa patrie… et à vous qui m’avez donné le désir de le voir naître ! »

Je la regardais attendri et il me semblait vraiment que, si différente pourtant, sa face avait pris un peu de la forme humaine.

« C’est un Martien… je l’ai voulu ainsi ! »

Violaine parut sur le seuil avec Jean.

« Le premier Martien terrestre ! s’exclama Jean… Nous lui chercherons… un complément ! »

C’était son idée de fonder une petite colonie martienne, inoffensive par définition…

Violaine considérait attentivement le nouveau-né.

« Il portera bonheur au nôtre ! » fit-elle.