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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/28

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

d’un instinct. C’est quelque chose comme un réflexe. Notre présence suffit sans doute à provoquer une réaction rayonnante.

— Possible après tout, fit Antoine.

— Tels furent peut-être les mouvements d’agression ou de défense des êtres terrestres très primitifs. Tels sont encore nos appétits où nos répulsions purement organiques. L’odeur ou la vue d’un aliment suffit à éveiller une convoitise physique ou chimique.

— Nos viscères sont de fameux laboratoires de physique et de chimie, s’exclama Jean. La vie eût été impossible sans cela. »

L’image de Grâce m’apparut soudain avec une intensité extraordinaire. Je fus saisi d’une envie immodérée de la revoir, chose singulière dans un moment où Violaine éveillait des émotions si puissantes.

« N’est-il pas temps, murmurai-je, que nous allions retrouver nos amis Tripèdes ?

— Justement, j’y songeais », fit Violaine.

Nos regards se croisèrent.

Une rivalité pouvait-elle naître entre cette belle humaine et la merveilleuse Martienne ? Violaine devinerait-elle seulement la nature d’une tendresse si étrangement différente de toute tendresse terrestre. C’était certes de l’amour, et d’une puissance incomparable, mais aussi pur que le pourrait être un amour pour une fleur.

« Eh bien ! allons voir nos amis. »

Nous n’avions guère besoin de nous orienter : pen-