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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/34

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

« Je crois qu’il songe à nous dévorer ! dit paisiblement Antoine. Voyons cela, camarades. »

Il dirigea son radiant vers le fauve et darda un jet de rayons. La brute s’arrêta, effarée, fit encore deux ou trois pas en avant, puis rétrograda et se mit à fuir avec une vitesse de bolide.

« Il bondit aussi bien qu’un tigre ! remarqua Jean avec admiration.

— Des sauts de dix mètres. »

Le carnivore avait déjà franchi près d’un mille, lorsque deux autres bêtes surgirent, l’une couleur soufre, le museau pareil à un grand coquillage, avec une gueule en hélice, et de la taille d’un loup — l’autre, noire comme la nuit, un long corps parabolique, cinq pattes spatulées, et qui semblaient à la fois ramper et courir ; il poursuivait le premier. Tous deux s’arrêtèrent à la vue du colosse bleu qui, en trois bonds, fut sur la bête de soufre.

« Je songe à une scène préhistorique, fit Jean. En définitive, ces monstres ne sont pas plus surprenants que les monstres fabuleux du secondaire, voire la faune des forêts vierges, à qui, naguère encore l’homme permettait de croître sur de vastes territoires.

— Aussi bien, dit Antoine, si Mars n’avait d’autres vies que celles des animaux et des plantes dont le site nous offre des échantillons, plus les Tripèdes qui figurent une pseudo-humanité, l’originalité de la Planète serait assez faible, mais avec ses Zoomorphes et ses Éthéraux, je la tiens pour une créatrice supérieure à notre boule sublunaire.