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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/33

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

« Nos insectes ont aussi des yeux multiples, remarqua Violaine.

— Oui, mais leur vue est si limitée qu’ils « ne nous connaissent point » :

— Sinon à leur manière, qui leur permet, en toute innocence — puces, poux punaises, moustiques — de nous exploiter comme des proies. C’est leur chance.

— Plus encore la nôtre ! Je pense que si les insectes nous avaient vus complètement, comme nous les voyons, il y aurait longtemps que l’homme serait exterminé, avec beaucoup de mammifères, oiseaux, reptiles, batraciens. »

En ce moment, Violaine s’écria :

« Eh ! ce sont des plantivores. »

En effet, les trois bêtes s’étaient mises à brouter, étrangement, avec les arcs cornés qui leur servaient de dents.

« Holà ! »

Les plantivores fuyaient. Un animal apocalyptique venait d’apparaître. La taille d’un rhinocéros, une tête en pyramide tronquée, des yeux de poulpe disséminés sur une face géante. Un pelage de soie bleue, assez semblable pour la consistance à la soie des chapeaux hauts de forme de jadis.

« Il est affreux et magnifique ! » s’exclama Violaine.

Ses yeux immenses venaient d’apercevoir les humains qui, sortis du Stellarium, s’étaient avancés jusqu’au bord du plateau. Il poussa une clameur : vous eussiez dit des beuglements d’un trombone, puis bondit sur la pente.