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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/38

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

points du territoire occupé par les Tripèdes, les animaux et les plantes.

— Mais ont-ils franchi nos barrières ?

— Non, et nous avons réussi à en faire construire d’autres par nos frères des régions les plus menacées. »

Il ajouta avec mélancolie :

« Nous devons disparaître ! »

Violaine, frémissante, épiait les gestes du Tripède et ceux de son frère avec un ravissement passionné.

Elle m’avoua qu’elle était désorientée par les membres étranges et aussi par l’absence de ces fragments de chair, le nez et les oreilles, en eux-mêmes sans grâce et le plus souvent laids, comiques, baroques, voire répugnants, chez nos semblables.

« Mais, ajouta-t-elle, je m’y habituerai assez vite. La forme des joues est aussi exquise que leur nuance, toute la tête apparaît harmonieuse autant qu’une belle amphore d’Athènes ou de Corinthe. Éclairés par les feux magiques de leurs yeux, je sens que je finirai par les trouver beaux.

— Vous trouverez leurs compagnes plus belles encore, fis-je.

— Je sais qu’elles sont très différentes.

— Comme vos avez pu le voir sur nos photographies : plus hautes de taille, le visage plus fin. Vous les reconnaîtrez tout de suite quoiqu’il n’y ait pas de signes aussi visibles que les seins. »

La conversation continua entre Jean et le Tripède. Comme elle était muette, je pouvais la suivre plus ou moins tout en écoutant Violaine.