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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/90

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

robes lumineuses précipitaient le rythme de mes artères. Comme elles, Violaine fut le symbole de toutes les joies humaines, de l’innombrable légende qui a mêlé l’amour à l’univers.

Une légère angoisse se mêlait au charme : la crainte de ne jamais revoir la Terre. Il faudrait si peu de chose pour nous bannir de l’astre perdu au fond des étendues.

« Violaine, murmurai-je avec agitation, quand nous retrouverons-nous au bord d’une rivière parmi les hauts peupliers gothiques, cependant qu’un site de la vieille France s’étendra jusqu’aux collines lointaines. »

J’avais saisi sa petite main, je l’attirai doucement et ses grands cheveux se répandant sur mon épaule, j’y plongeai le visage comme dans une onde.

« Je ne suis pas malheureuse ici, fit-elle, j’aime le contraste violent entre ces deux sites. Ce lac de cuivre, cette forêt et ces pâturages rouges, ces bêtes fantastiques, nous y rêverons plus tard, nous en aurons la nostalgie.

— C’est vrai et d’autant plus que c’est ici le monde de nos fiançailles. »

Je la serrai sur mon cœur, l’instinct montait en tumulte, mais Violaine se dégageait doucement : je ne l’avais jamais autant aimée.

« Voici le Stellarium », fit-elle.

Déjà notre navire se posait à une encablure du blockhaus. Antoine, Jean, le Chef Implicite et Grâce surgirent.

« Nous avons repéré deux régions fort menacées