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Page:Rosny aîné - Les astronautes - 1960.djvu/97

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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI

matin Violaine en nous servant le café avec des tranches de pain et des crêpes tirées d’un produit fourni par la flore martienne et qui ressemblaient pas mal à des crêpes de sarrasin.

« Aucun doute, répondis-je, tous les élements d’un Éden modeste sont ici assemblés.

— Parle pour toi ! grommela Antoine. Pour nous, il nous manque tout de même quelque chose ? »

Je ne crois pas qu’il en souffrît, mais Jean devait parfois rêver. Nous échangions un regard furtif, Violaine et moi.

Antoine eut son petit rire froid, amical pourtant, et un pourpre léger monta au visage de la jeune fille.

Pourtant notre amour demeurait pur : nous respections les lois anciennes de la société terrestre, de moins en moins respectée. Presque toute l’Humanité n’avait-elle pas accepté l’union, libérée des sanctions sociales. Pourquoi quelques peuples, et surtout le nôtre, gardaient-ils une morale vétuste ? Et même en la respectant, n’avions-nous point, à la distance où nous étions de notre Planète, des droits nouveaux ?

En fait, j’attendais sans impatience : la volupté terrestre apparaissait tellement grossière comparée à la volupté radiante de mon amour martien.

Je préférais aimer Violaine sans recourir aux gestes singuliers de la procréation ; je goûtais les quintessences de notre aventure, en la rapprochant de mon aventure avec Grâce.