Page:Rostand - Discours de réception, 1903.djvu/21

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Dit : « La loi me la donne ! » Elle n’a qu’à le suivre ;
Si bien que jusqu’à l’heure où la mort la délivre,
Elle a pour seul bonheur qu’elle puisse obtenir
De porter dans ses flancs ses tyrans à venir !

« Mais », ajoute-t-il en des vers à quoi il tenait si particulièrement qu’après les avoir mis dans l’Apôtre il les a remis dans Mahomet, pour qu’ils revinssent dans son œuvre comme le leitmotiv de son féminisme chrétien,

Mais quelqu’un est venu briser ce joug infâme,
Il a mis une étoile au front blanc de la femme,…
… Et dit : Au haut du ciel, dans l’ombre du saint lieu,
Regarde ! c’est ta mère à côté de ton Dieu !

Donc, battu de l’aile, misanthrope qui sera sauvé parce qu’il n’est pas misogyne, Henri de Bornier s’est arrêté au château de Marcilly-sur-Maune. La marquise de Rochemore, en trois sourires, le guérit ; et j’imagine qu’il se souviendra de sa malice tendre lorsqu’il fera dire à Stellina raillant les désabusements d’Orfinio :

Moi-même, quand j’avais douze ans, quelle folie !
J’ai regardé le monde avec mélancolie !
C’est un air que l’on prend !…

Mais qui se serait douté que M. de Bornier eût jamais pris cet air-là ?… Eh bien ! oui, il s’est coiffé à L’Enfant du Siècle, et des dames à grandes boucles l’ont consolé en le grondant. Cette heure de sa jeunesse, j’en ai vu bleuir les paysages peuplés de fins profils entre les lignes de son roman La Lizardière. Car, disons-le une fois pour toutes, il ne faut considérer les romans de