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LE FAUCHEUR BASQUE

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L’as-tu bien tout compris, faucheur ? La faulx ne peut
Savoir combien de grains contient l’épi qui tombe !
— Ah ! donne-moi la main, la montagne est d’un bleu
De palombe ! —

« Tant de choses ! » Ce mot que tu dis à mi-voix.
Basque mystérieux qui parles sans sourire,
Il veut dira les champs, les rivières, les bois ;
Il veut dire

— Ah ! donne-moi la main, le soir devient profond !
Les cités, les vaisseaux, les chariots, les hommes...
Mais il veut dire aussi d’autres choses qui font
Que nous sommes,

Tant de hauts sentiments, ô montagnard, par quoi
Les âmes sont encor dans nos plaines guidées,
Et le monde, entr’ouvert maintenant devant toi,
Des idées !

Non, tu ne savais pas, captif de ton hameau
Comme d’autres l’étaient d’une ville ou d’un songe,
N’ayant rien mesuré qu’à l’aune d’un rameau
Qui s’allonge,