Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/19

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À celles, qu’on dit plus heureuses,
De ceux qu’on nommait « philistins » ;
Je préfère les viandes creuses
De vos songes à leurs festins !

Si je tombe comme vous autres,
S’il me faut vider les arçons,
Eh bien, quoi ! je serai des vôtres,
N’est-il pas vrai, les bons garçons ?

À vous donc qu’on raille et qu’on hue
Et qu’on accable de mépris,
Ô foule innombrable, cohue
Des déclassés, des incompris !

À vous que hanta la chimère
Du définitif, du parfait,
Et qui, pour vouloir trop bien faire,
Finalement n’avez rien fait ;

À vous qui portiez dans vos têtes
De trop beaux idéals rêvés,
À vous tous, à vous grands poètes
Aux poèmes inachevés ;