Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/20

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À vous dont les fainéantises
Sont pleines de si fiers projets,
Et que poursuivent les hantises
De trop magnifiques sujets ;

À vous dont la pensée énorme,
Trop large, ne pouvait entrer
Sans la briser dans une forme,
Dans un moule sans l’éventrer ;

À vous, peintres, que désespère
La toujours fuyante couleur,
Qui devant un jeu de lumière
Jetez vos pinceaux de douleur ;

Musiciens, pâles d’entendre
En vous des accords merveilleux,
Et qui, de ne pouvoir les rendre,
Avez des larmes dans les yeux ;

À vous qui, ne pouvant traduire
Les finesses que vous sentez,
Préférez ne jamais produire,
Ô délicats, exquis ratés !