Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/25

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Je n’ai pas de soleil, et j’ai toujours décembre,
Et pas encor d’amour :
Toute mon existence est comme cette chambre
Qui donne sur la cour !

L’ami qui vient me voir, joyeux quand il arrive.
Est triste en s’en allant ;
Et la foi chaque jour me semble être moins vive
Qu’il eut dans mon talent.

Sauf qu’il y a toujours sur ma table une rose,
Dans l’âtre une souris
Qui s’occupe toujours à ronger quelque chose,
Je suis seul à Paris.

Mais, furtif rongement, mystérieux cinname,
L’animal et la fleur
Mettent autour de moi, l’une l’odeur d’une âme,
L’autre le bruit d’un cœur.

Je n’ose plus penser que jamais à ma tempe
Verdisse aucun laurier,
Et crois me satisfaire en trouvant sous ma lampe
Un bonheur d’ouvrier.