Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/26

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Mais je vois sur la table une grande corolle.
Dans l’âtre un petit œil ;
L’un me dit « Patience ! » — et j’entends sa parole ;
L’autre me dit « Orgueil ! »

Ce sont les deux conseils dont j’ai besoin pour vivre,
L’un gris, l’autre vermeil :
Mais le second conseil est moins facile à suivre
Que le premier conseil.

Pourtant, le bruit qui ronge et le parfum qui rêve
Me rendent quelque espoir,
Et je me sens moins seul dans l’ombre, et je me lève,
Et je ris dans le soir,

Sûr de pouvoir toujours, malgré l’heure grisâtre.
Rire comme je ris,
Tant qu’il me restera, sur ma table et dans l’âtre,
Ma rose et ma souris.


Paris, 1890.