Page:Rostand - Les Musardises, 1911.djvu/38

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Et tels d’imperceptibles gnomes,
De microscopiques lutins,
Ils valsent, les petits atomes,
Dans les rayons d’or des matins !

Sans cesse, dans cette traînée
De clair soleil éblouissant,
Leur troupe folle est entraînée,
Elle remonte et redescend.

Ils dansent, dans l’or de la bande
Qui tombe, oblique, des volets,
Une furtive sarabande
Et de silencieux ballets.

Qu’ont-ils donc à danser si vite
Sur ce pont d’Avignon vermeil ?
Sentent-ils qu’il faut qu’on profite
D’un bal que donne le soleil ?

D’où vient-elle cette poussière ?
Ces atomes n’existent-ils
Que dans les filets de lumière
Qu’ils peuplent de leurs grains subtils ?