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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/154

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Que tout est bien changé, les hommes et les tems
Et que l’on n’aime plus comme dans son printems.
Lyse à ces derniers mots sourit, et sur Clitandre,
En lui serrant la main, jette un regard plus tendre :
Les autres, tour-à-tour occupés et distraits,
Demeurent sans oreille à tous ces longs regrets.
Mais sitôt que Baucis, d’un ton de voix plus sombre,
Commence à leur parler d’esprits errans dans l’ombre,
De fantômes, de morts, qui du fond des tombeaux
S’allongent dans les airs, traînant d’affreux lambeaux,
Agitent une torche, et de longs cris funèbres,
Et du bruit de leur fers remplissans les ténèbres,
Croisent le voyageur dans sa route perdu,
Le travail à l’instant demeure suspendu ;
Le folâtre tumulte expire, et l’auditoire
Frémit, presse les rangs, et de l’oeil suit l’histoire.
Vous riez de leur crainte, hommes de la cité !
Ah ! Gémissez plutôt de la simplicité,
Qui jusques à la mort prolongeant leur enfance,
Aux superstitions les livre sans défense :