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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/155

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De leur couche innocente approchez, et voyez
Quels tableaux, dans la nuit devant eux déployés,
Assiègent leur sommeil, oppressent leur haleine.
Quoi ! L’homme bienfaiteur, qui féconde la plaine
Dès le jour renaissant jusqu’au jour expiré,
Lorsque dans sa cabane humblement retiré,
Il espère jouir d’un repos salutaire ;
Quoi ! Cet homme, troublé dans sa paix solitaire,
N’entendra retentir que les cris déchirans
Des spectres infernaux et des manes errans !
Qu’il soit maudit cent fois l’apôtre sacrilège,
Qui des morts le premier blessant le privilège,
Au nom d’un dieu vengeur les tira des tombeaux,
Et les montra souillés de sang et de lambeaux.
Ou s’il vouloit du moins que sa noire imposture
Punît l’homme oppresseur, et vengeât la nature,
Que ne reservoit-il ce salutaire effroi
À ce tyran paré du nom sacré de roi,
Dont les avares mains et les loix homicides
Écrasent les sujets du fardeau des subsides ?