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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/19

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Le pampre sur sa tête en festons serpenter,
Et le vin bouillonnant à ses pieds fermenter.
Accourez tous à lui, vous, de qui l’opulence
Sous le toît des cités s’endort dans l’indolence ;
Venez aux champs ; venez sous des berceaux épais
Retrouver les vertus, la nature et la paix :
Vous les connoissez peu dans vos villes profanes.
Un vallon, traversé de ruisseaux diaphanes,
Une grotte mousseuse, un côteau verdoyant,
D’un bocage touffu le sentier tournoyant ;
Voilà, voilà les lieux où se plaît la nature.
Là, vos yeux et vos pas errans à l’avanture,
Par un charme innocent tout-à-coup arrêtés,
Flotteront suspendus entre mille beautés.
Vous verrez des troupeaux les courses incertaines ;
Vous boirez cet air pur, exhalé des fontaines ;
Votre oreille charmée écoutera le chant
Du laboureur joyeux, qui sillonne son champ :
Les couleurs de son front par le hâle noircies,
Ses vénérables mains dans les travaux durcies,
Vous forceront peut-être à respecter un art
Qui n’obtenoit de vous qu’un dédaigneux regard.