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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/207

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Vous les soupçonnez peu ces rigueurs de l’année,
Vous, riches citadins ; vous troupe fortunée,
Qui, vous environnant de plaisirs et de jeux,
Insultez de l’hyver le génie orageux ;
Une douce chaleur de vos foyers l’exile,
Quand sous ces mêmes toits Flore trouve un asyle :
Là, vous réalisez la fable de ces tems,
Où l’homme jouissoit d’un éternel printems.
Eh ! Qui sous des lambris ornés par la peinture
De sîtes, où se plaît la riante nature ;
De côteaux verdoyans, de ruisseaux argentés,
D’aurores, de beaux soirs dans les eaux répétés,
Et du jour que la nuit emprunte à chaque étoile,
Jour charmant, par Vernet embelli sur la toile ;
Répondez ; qui de vous dans ces sallons dorés,
Où de fleurs, de rubis, de perles décorés,
Au doux bruit des concerts dont s’anime la danse,
La jeunesse et l’amour folâtrent en cadence,
Qui de vous oseroit, sybarite orgueilleux,
Des rigueurs de l’hyver faire un reproche aux dieux ?
Dans le sein du bonheur le murmure est un crime.