Aller au contenu

Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mutine tous ses flots, tourmente son rivage ;
Que la guerre, la peste et cent fléaux divers,
De pleurs, de cris, de sang remplissent l’univers.

Il faut revoir la fraude épier l’innocence ;
La molesse des rois avilir leur puissance ;
Des ministres, ligués pour les concussions,
Vendre à des publicains le sang des nations ;
La loi ramper muette ; et l’adroit fanatisme,
Pour regner avec lui, flatter le despotisme.
Mais les biens, les plaisirs que nous avons perdus,
Possédés un moment, nous seront-ils rendus ?
Comment la recouvrer cette santé fragile,
Trésor, que nous portons en des vases d’argile ?
Ô dieu ! Je touche à peine à ma virilité,
Et dans tous ses canaux déjà moins agité,
Mon sang, comme à regret, y fait couler la vie.
Pour moi, d’un jour moins pur chaque nuit est suivie.
Je sens que par dégrés il faut perdre ce goût,
Cette amoureuse ardeur qui m’attachoit à tout.
La gloire, que j’aimois quoiqu’ingrate et rebelle,
La gloire à mon desir ne semble plus si belle :
Si j’en pouvois encor idolâtrer l’erreur !