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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/266

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Le tourment de ma vie en feroit le bonheur.
Et toi, qui, te livrant au joug d’une maîtresse,
Lui donnas de ton coeur la première tendresse ;
Toi, qui, sans le savoir, lui prêtois des appas,
Et même des vertus qu’elle ne connoît pas ;
Aujourd’hui que tes feux, trahis par l’infidèle,
Dans ton coeur détrompé meurent enfin loin d’elle,
Jeune homme, ne crois point la remplacer un jour :
On ne sent point deux fois l’ivresse de l’amour.
Plus malheureux l’ami, qui sans expérience
A des amis trompeurs livra sa confiance !
Les lâches, avec art couverts d’un voile épais,
Lui préparoient la guerre, et lui parloient de paix.
Ah ! Si des trahisons il a vu la plus noire,
Comment à l’amitié, comment pourra-t-il croire ?
Dans un monde insensible, où sa douleur se perd,
Il erre ; il va criant ainsi qu’en un désert :
« Personne n’est à moi, je ne suis à personne. »
Vous enfin, quand la mort sans pitié vous moissonne,