Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/270

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Eh bien ! Tous à la fois vomissant le reproche,
Profanez de la mort le silence éternel ;
J’attendois l’injustice à ce jour solemnel.

A-t-il pour s’agrandir armé la calomnie ?
A des soins intriguans ravalé son génie ?
Il ne mandia point la gloire ; il la conquit.
Qui le dira jaloux ? Qu’a-t-il fait ? Qu’a-t-il dit ?
Qui de vous l’a surpris, des modernes Orphées,
En secret dégradant et minant les trophées ?
D’un vieillard qui le haît, du Sophocle français,
Au fond de sa retraite il entend le succès,
Il l’entend ; et ses yeux en ont pleuré de joie.
Voilà cette ame grande ! Et l’on veut que je croie
Qu’ingrate, elle payoit de haine un bienfaiteur !
Taisez-vous. Si, peu fait au métier de flatteur,
Il refuse aux bienfaits d’ouvrir sa solitude,
Le refus des bienfaits n’est point l’ingratitude ;
Non, non : c’est la vertu, qui, s’armant de fierté,
Contre l’or corrupteur défend sa liberté.
Ce fut sa liberté qui fit son éloquence.
Mais ce qui de Rousseau dira mieux l’innocence,