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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/269

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Rousseau, je crus, penché sur ton urne paisible,
Sentir de la vertu la présence invisible.
Je crus ouïr ta voix ; du fond de ton cercueil,
Ta voix de l’amitié m’offroit le doux accueil.
À la tombe champêtre accourez donc sans nombre.
Vous enfans qu’il aima ; ne craignez point son ombre ;
Approchez, folâtrez sous ces arbres naissans :
Il va sourire encor à vos jeux innocens.
Et vous, que le génie élève au ministère
De flétrir l’imposture et d’éclairer la terre,
Sages, jurez ici qu’armés contre l’erreur,
Vous mourrez, s’il le faut, martyrs de sa fureur
De ce beau dévoûment Rousseau fut le modèle :
À sa noble devise il expira fidèle.
Je vous appelle aussi, peuples, et vous, bons rois,
Dont il a révélé les devoirs et les droits ;
Les tyrans sont connus : ils tremblent sur le trône.
Donc à son monument appendez la couronne,
Qu’au sauveur d’un romain décernoient les romains :
Rousseau du despotisme a sauvé les humains.
Mais de ses ennemis le flot bruyant approche.