Ces pins religieux, ces vénérables hêtres
Étoient l’asyle aimé des déités champêtres ;
Chacun d’eux, jusqu’au jour marqué par son trépas,
D’une aimable dryade enfermoit les appas :
Elle le défendoit des fureurs de l’orage,
Et pour l’homme-berger en nourrissoit l’ombrage.
Le raisin n’étoit pas un fruit inanimé ;
C’étoit Bacchus lui-même, en grappe transformé,
Sur la jeune erigone étendant son feuillage.
L’amant, que trahissoit une amante volage,
Couché languissamment sur un lit de roseaux,
Contoit son infortune à la nymphe des eaux.
Et le bruïssement de la vague tremblante
Étoit alors pour lui cette voix consolante,
Dont l’amitié fidèle assoupit nos douleurs ;
Et l’amant soulagé laissoit tomber des pleurs.
Rappellerai-je ici quelle adroite imposture
Sut encor de nos champs ranimer la culture ?
Rival du loup vorace et du taureau meuglant,
L’homme, jadis sans moeurs, se repaissoit de gland,
Lorsque les saintes loix, créant une patrie,
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