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Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/82

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Promirent l’abondance à l’active industrie.

Dans le flatteur espoir de mille biens nouveaux ;
L’homme voua ses mains à de rudes travaux :
Mais bientôt la fatigue épuisa son courage ;
Et regrettant des bois le paresseux ombrage,
Sa vigueur négligea de tourmenter son champ.
La rouille alloit enfin ronger le soc tranchant ;
Il fuyoit : tout-à-coup, père d’heureux mensonges,
De la fable, à ses yeux, un sage offrit les songes :
Il lui dit que du ciel les sublimes moteurs
En avoient, pour les champs, déserté les hauteurs ;
Que Cérès elle-même, aux mortels apparue,
Leur avoit apporté le soc de la charrue,
Et que ces grains dorés, nourriciers des humains,
Étoient encor pour eux un présent de ses mains.
L’homme, honteux alors de sa lâche foiblesse,
Du soc cultivateur admira la noblesse ;
Et fier de partager la gloire de Cérès,
Pesant sur la charrue, il creusa des guérets.
Ah ! S’ils vivoient encor ces mensonges utiles,
Sans doute nous verrions nos plaines plus fertiles,