Page:Rougemont, De Courcy, Dupeuty - Le Courrier de la malle, 1832.djvu/31

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Oh ! je te conterai ça… un gros homme sentencieux, que j’ai amené de Paris et que j’ai déposé à Châlons-sur-Saône… Ah ! je ne me relèverais pas pour aller au bal… Je me délecte… dans cinq minutes je ne serai plus de ce monde… Et ce pauvre postulant qui va passer une nuit blanche… Ah… (Il commence à ronfler.)

Madame Duchemin
Attends donc que je te donne ton vin chaud. (On frappe à la porte.) Entrez !...



Scène VII


Les mêmes, le garçon de la poste.

Le garçon, accourant
Monsieur Duchemin !... monsieur Duchemin !

Duchemin, se réveillant en sursaut
Hein ?... qu’est-ce que c’est ?.... j’étais déjà parti… (Il passe la tête).

Le garçon.
Tien ! vous êtes déjà couché ?... Ah ! bien, vous ne risquez rien que de vous relever, et bien vite.

Duchemin
Comment, me relever ! Les postulants ne sont donc pas venus ?

Le garçon.
Au contraire, c’est qu’ils sont venus tous les deux, et voilà le mal ; je ne sais pas ce qu’ils avaient… mais ils étaient ivres morts.

Duchemin
Eh bien ! après ?

Le garçon.
Vous pensez bien qu’on ne peut pas confier une malle à des hommes dans cet état-là ! de sorte que je viens vous chercher pour partir.

Duchemin
Partir !

Madame Duchemin
Tu ne partiras pas ; je ne veux pas que tu partes !

Le garçon.
Alors, je retourne dire que vous ne voulez pas… (Fausse sortie).

Duchemin
Du tout ! du tout ! je n’ai pas envie d’être révoqué. (Il reparaît en robe de chambre.) Allons, il n’y a pas un pas à reculer, il le faut. (à sa femme.) Donne-moi ma veste, mon bonnet fourré. Dieu ! quel guignon ! un lit si bien bassiné !... (Il ôte précipitamment sa robe de chambre et remet sa veste et son bonnet.)

Le garçon.