Page:Rougemont, De Courcy, Dupeuty - Le Courrier de la malle, 1832.djvu/35

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Eh ben ! c’est ce qui vous trompe. Si vous saviez ce qui m’est arrivé l’autre jour avec lui ?...

Tous, d’un air étonné et l’entourant.
Bah !
Jacqueline
AIR : du Péage de Châtelain.
Il m’dit : fais-moi vite une om’lette,
J’prends mon beurre, et j’casse mes œufs ;
La poêle en main… j’y vais d’mon mieux,
L’la r’tourne… elle est à moitié faite…
Lui, d’ma gêne il ose abuser
Pour me soustraire un gros baiser !...
Je l’ai ben menacé ;
J’laurais mêm’ repoussé !...
Mais, voyez ma mauvaise étoile,
Au lieu d’finir, il a recommencé…
Celui qui tient l’manch’de la poêle
Est toujours le plus embarrassé.

(Pendant ce couplet elle fait les gestes de quelqu’un qui fait une omelette.)

Le postillon, riant, avec intention.
Tiens !... c’est pas si maladroit. Je me ferai faire une omelette au Bourg-Neuf. (Il veut lui prendre la taille.)

Jacqueline, lui donnant une tape sur les doigts.
Taisez donc vos mains, vous !

Le garçon, entrant, tenant un panier de vin.
V’là le vin, v’là le vin !

Tous.
À table, les amis !

(Reprise du Chœur)
La chanson et la bouteille, etc.

(Ils sortent tous par la porte latérale à gauche, excepté Jacqueline.)



Scène II

Jacqueline, puis Prudhomme.

Jacqueline, ôtant le couvercle des casseroles qui sont sur les fourneaux, et les examinant.
C’est drôle, tous les hommes veulent de moi ici… c’est peut-être parce que je ne veux pas d’eux… Dans mon pays, à Châlons-sur-Marne, c’était la même chose… (Elle prend une oie, s’assied