Page:Rougemont, De Courcy, Dupeuty - Le Courrier de la malle, 1832.djvu/37

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iles pour la rédaction. (Il tire un canif de la poche de son gilet, et prend une plume de l’oie, qu’il taille et présente à Jacqueline.)

Jacqueline
Qu’est-ce que ça me fait, à moi ?

Prudhomme, sans lui répondre.
C’était un fort bel homme ; je fis, de mémoire, en 92, son portrait à la plume, avec cette inscription ingénieuse : « Ceci est monsieur Lhomond qui, de son vivant, tutoyait l’auteur. » (Bruit au dehors)

Jacqueline
Tiens ! On dirait des hommes qui se disputent.

Prudhomme
C’est sans doute une collision entre citoyens. Je profite de ce qu’on se bat d’un côté pour aller, de l’autre, voir la Marne… je vais voir la Marne. (Il sort par la première porte à droite.)



Scène III

Jacqueline, Duchemin

Duchemin, en colère
Que le diable emporte le maladroit de roulier ! me casser un roue de derrière !

Jacqueline
Tiens ! C’est monsieur Duchemin… par quel hasard ?

Duchemin
Ne m’en parle pas : un accident est y arrivé à ce pauvre diable de Bernadet.

AIR : Tous les méchants sont buveurs d’eau.
Le confrère s’est mis au lit ;
Ah ! pour moi quelle rude épreuve !
À sa plac’ j’ai trotté cett’nuit
Et j’ai laissé ma femme veuve.
Jacqueline
Eh ! mon Dieu, rien de plus commun,
Il n’faut pas qu’ça vous embarrasse…
Lorsque l’on remplace quelqu’un,
À son tour quelqu’un vous remplace (bis)

(Elle sort en riant et en lui faisant les cornes.)