Page:Rougemont, De Courcy, Dupeuty - Le Courrier de la malle, 1832.djvu/4

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Qu’il ne s’occupe ici que d’son emploi…

Je ne pens’pas qu’il prenne quelque chose
Autre part que chez moi.

François
Voulez-vous que je lui dise que vous êtes là, mam’zelle Désirée ?

Désirée
Non, non, c’est inutile.

François, avec intention.
Ça suffit, madame Duchemin. (Il sort.)



Scène II

Désirée, seule
Madame Duchemin… mademoiselle Désirée… Est-ce ennuyeux de s’entendre appeler comme ça des deux manières, et de ne pas savoir ce qu’on est… avoir un époux qui n’est pas votre mari… c’est une position fausse, surtout pour une demoiselle.

AIR : Oui, toute ma vie pour philosophie.
Il a beau dire
De me bien conduire,
Que ça doit suffire,
Qu’on s’aim’mieux comm’ça.
Que plus tard, il pense
Payer ma constance ;
Oui, la récompense
C’est qu’ils vous plant’nt là !
D’lamour, de l’estime,
Je me rends victime ;
Je me f’rais un crime
De l’tromper maint’nant ;
Je respect’ not’ flamme,
Tandis qu’au moins, dame,
Si j’étais sa femme,
Ça s’rait différent…
Femm’mariée, ah ! vraiment,
Ça s’rait bien différent ;
Mais comm’ça (bis) c’est trop gênant.

Tiens, à la fin de tout ça, moi, je serais bien bête… j’ai mon petit cousin Gauthier, le vinaigrier de la Côte d’Or, qui m’aime depuis mon enfance pour le bon motif… Ce n’est pas le premier moutardier du pape, mais ce n’est pas non plus le dernier