Page:Rougemont, De Courcy, Dupeuty - Le Courrier de la malle, 1832.djvu/5

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de Dijon. (Elle tire une lettre de son sac). Dire que je n’ai qu’à lui envoyer cette lettre-là, et qu’il montera tout de suite en diligence pour venir à Paris m’épouser ! Son bonheur est là-dedans, à ce pauvre garçon. Ma foi, tant pis… si Duchemin ne se décide pas tout de suite, j’affranchis la lettre, et une fois qu’elle sera dans la grande boîte… (On entend Duchemin dans la coulisse).

Duchemin
Vous dites, à la salle des voyageurs ?... laissez donc, farceur !...

Désirée, serrant sa lettre.
Ah ! le voila ! nous allons voir…



Scène III

Désirée, Duchemin

Duchemin
Tiens… c’est, ma foi, vrai… (la reconnaissant) comment, c’est toi ?

Désirée
Oui, c’est moi… On dirait un mot de reproche.

Duchemin
Par exemple… ma bonne petite désirée ; mais que diable viens-tu faire ici ?

Désirée
Eh bien ! est-ce que la poste n’est pas faite pour tout le monde ? on a peut-être une correspondance particulière, une lettre de famille, n’importe …

Duchemin
Je ne suppose pas que nous soyons en rapport avec la poste restante … Oh ! la poste restante, quelle invention !

AIR : de la Robe et des Bottes
On t’a parlé de cet antre invisible,
Où nos secrets avaient tous un miroir ;
Eh bien, ma chèr’, c’est encor plus terrible
Que le ci-d’vant cabinet noir.
Là des jaloux le mystèr’ tromp’ l’attente,
Les amours seuls dans l’bureau sont admis ;
Et je soutins que la poste restante
Est l’cabinet noir des maris ;
Je dirai même que la poste restante
Est l’cabinet jaun’ des maris.

Désirée
Vous n’êtes pas mon mari, qu’est-ce que cela vous fait ?

Duchemin
Ça me fait que je n’aime pas que tu viennes comme çà à l’administration …