Page:Rouquette - L'Antoniade, 1860.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 111 )

Que du fond lumineux de l’abîme azuré,
Où dans son vol hardi nul ne s’est égaré,
Mon œil, de l’Atlantique allant au Pacifique,
Parcourant le rail-way, le fil télégraphique,
Contemple, en tous les sens, de magiques réseaux,
Rapprochant les États, plus frères que rivaux :
Oh ! quel éclair alors jaillira de mon âme !
Quel chant patriotique et quels accents de flamme,
À l’aspect glorieux du drapeau constellé,
Par l’aigle Américain au soleil déroulé !
Quels accents, répétés du couchant à l’aurore
Par chaque voix émue et chaque écho sonore !

  C’est maintenant le siècle des progrès ;
  Se reposer, c’est abdiquer l’empire !
  Laissons les morts dormir sous les cyprès !
  Au froid sommeil, préférons le délire !

  Laissons les morts ensevelir les morts ;
  Aux cœurs glacés laissons les cimetières ;
  L’esprit vainqueur a soumis tous les corps ;
  C’est maintenant le siècle des lumières !

   Le plus hardi des voyageurs,
    Prolongeant partout mes veilles,
   Volant de splendeurs en splendeurs,
    De merveilles en merveilles,

   J’ai vu les châteaux, les palais
    De tout l’Orient féerique :
   Rien n’approche de mes forêts ;
    Rien n’égale l’Amérique ;

   Rien n’est beau comme l’Occident,
    Avec sa bannière étoilée,
   Sous le soleil déroulée,
    Et son Grand Peuple indépendant !

   Ce Grand Peuple, à l’âme saxonne,
    Jamais, jamais ne s’émeut ;
   D’aucun obstacle il ne s’étonne ;
    Tout ce qu’il veut, il le peut !

   Bien n’arrêtera son élan !
    Propageant la République,
   Sur les ailes de l’ouragan,
    Il atteindra le Mexique !

   Il a vu l’Aigle et le condor,
    Planant au-dessus des Andes,
   Des deux Amériques si grandes
    Prophétiser l’âge d’or ! —