Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/112

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Merci !..Ta voix, frappant mon oreille ravie,
Calme, apaise mon âme et me rend à la vie.
Oh ! viens, ami de cœur, ami dès le berceau,
De ta pieuse main, émonder l’arbrisseau
Qu’au sol de l’étranger a jeté la tempête :
Viens, poëte jumeau, consoler le poëte ;
Viens vite, je t’attends ; viens rendre la gaîté
À ce front d’un nuage éternel attristé.
Oh ! viens ; calmes, assis aux fraîches Tuileries,
Dans la riante allée, aux pelouses fleuries,
Nous chanterons, tous deux, ces bois que nous aimons,
Cette brise des pins qui manque à nos poumons,
Les bords du Bonfouca, les rives du Lacombe…
Oh ! qu’en ces lieux aimés Dieu nous garde une tombe,
Un tertre nu, sans nom, sous quelque ombreux abri
Des pins de Dubuisson, de Paul ou de Loubri !
Que près d’une ravine, une yeuse isolée
De ses voiles pendans couvre mon mausolée !
Que tous les habitans, armés de tanampos,
M’accompagnent, pensifs, vers le champ de repos,
Et des salves d’adieu frappent le coin de terre
Où, pour toujours, je dois sommeiller solitaire !…
Ah ! s’il fallait mourir sous les cieux de l’exil,
Loin des calmes bayous où chante le poor-will,
Loin du magnolia, du résineux mélèze,
Ne m’abandonnez pas au vieux Père-Lachaise !