Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/116

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Quand pourrai-je, avec toi, fumant le trabucco 20.
Du rhythme alexandrin faire vibrer l’écho,
Ayant en main un livre où notre âme s’abreuve,
D’Hugo, de Lamartine ou bien de Sainte-Beuve ?
Voyageur fatigué, quand pourrai-je ?…Mais non !
Je ne dois plus revoir nos savanes sans nom.
Dans la plaine de Paul je ne dois plus descendre.
Loin du lac Pontchartrain reposera ma cendre.
Au sol de l’étranger, sous quelque tertre nu,
Le créole exilé va dormir inconnu :
Nul ne viendra pleurer à genoux sur sa tombe…
O pins de Bonfouca, vieux cèdres du Lacombe,
Silencieux déserts où l’âme écoute Dieu,
Cyprès, ravins, bois-forts, nature sainte, adieu !
Adieu, frères jumeaux Adrien, Anatole !
Votre doux souvenir, en mourant, me console.
Oh ! tous les deux, assis sous les copalmes verts,
Répétez, en pleurant, quelques uns de mes vers !
Tous les deux abrités à l’ombre du mélèze,
Oh ! pensez quelquefois au vieux Père-Lachaise,
A cet asile saint, où dorment enfermés
Les restes d’un ami qui vous a tant aimés !
Mais non !…En vous j’ai foi, religieux créoles :
Vous avez recueilli mes dernières paroles.
Tous, vous m’avez promis qu’un rapide trois-mâts
M’emporterait encor vers nos tièdes climats,