Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/121

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Et le soir, revenant, quand le soleil qui tombe
Nous jetant un adieu,
Colore des grands pins, des cyprès du Lacombe
La chevelure en feu,

A l’heure où l’on entend la voix sonore et gaie
Du nègre sans soucis
Qui chante, en agitant une rauque pagaie,
Dans sa pirogue assis…

Il chante…La chanson vibre au loin dans l’espace :
On dirait un oiseau !
La pirogue bouillonne, écume, glisse et passe
Comme un poisson sous l’eau…

Il chante…et par degrés, dans le ravin sonore
La lointaine chanson
Expire…L’habitant rêve, écoutant encore,
Quand meurt le dernier son…

Ils ne sont plus ces jours !…Loin de la Louisiane,
Par le destin jeté,
J’erre souffrant…L’amour à l’exil me condamne.
O Bayou-Liberté,