Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/127

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Comme un père penché sur un fils au berceau,
Je l’observe endormi sous le frais arbrisseau.
Oh ! que ne puis-je, hélas ! exilé solitaire,
Paisible, à son côté, m’étendre sur la terre,
Et calme, insoucieux, sommeillant comme lui,
Un instant déposer le poids d’un long ennui !
Ou plutôt que ne puis-je, heureuse créature,
Le rendre à la forêt, à la belle nature,
Et dans quelque désert vierge de pas humain,
Vivre seul avec lui, le nourrir de ma main,
En faire un compagnon, un fils, une maîtresse,
L’environner d’amour, de soins et de tendresse,
Le suivre pas à pas, boire aux mêmes ruisseaux…
Sous les lataniers verts, au bord des grandes eaux,
Ainsi que Jocelyn à côté de Laurence,
Près de lui m’endormir…, ivre de sa présence,
Le caresser, l’aimer comme on aime une sœur,
Hardi, le protéger contre l’adroit chasseur,
Et dire à l’Indien : « Qu’ici ton arc s’arrête !
Qui touche à ce chevreuil m’en répond sur sa tête ! »






(Paris, août 1838.)