Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/78

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réponds-moi, ta puissance secrète,
Ô solitude sainte, ô mère du poëte ?
Oh ! comme tous ces bruits qui tombent des rameaux
Versent au cœur souffrant l’oubli de tous les maux !
Comme à ces mille voix dont l’âme se pénètre,
Attendri l’on se sent rajeunir et renaître !
Il semble alors qu’au monde on ait dit son adieu,
Qu’on soit seul ici-bas et qu’on vive avec Dieu !
Et dans l’illusion, le charme de ce rêve,
On lui dit:« Ô mon Dieu, mais où donc est mon Ève ?
J’ai déjà de mes mains bâti mes ajoupas ;
Oh ! mon Ève ! Mon Dieu, ne l’amenez-vous pas ?… »
C’est ce que je disais autrefois, le cœur vide,
D’amour, d’émotions, toujours, toujours avide,
Et sans cesse jetant, d’une plaintive voix,
Un nom imaginaire à l’écho des grands bois.
Mais, heureux aujourd’hui…………
J’ai trouvé ce qu’à Dieu tout jeune homme demande;
Sur les bords du grand fleuve enfin je l’ai trouvé
L’ange que tant de fois mon âme avait rêvé !



Février 1838.