Page:Rousse - La Poésie bretonne du XIXe siècle, 1895.djvu/10

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8 LA POÉSIE BRETONNE AU XIX^ SIECLE séquences malheureuses. Ils jouissaient, d’un gou- vernement beaucoup plus libéral que leurs vain- queurs. Un écrivain favorable aux idées françaises, M. Antoine Dupuy, dans son intéressante et savante Histoire de la réunion de la Bretagne à la France, ne peut s’empêcher de reconnaître que, « à la fin du XV^ « siècle, le gouvernement de la Bretagne est ce que « nous appelons de nos jours la monarchie consti- « tutionnelle. Le duché n’a ni charte, ni constitution, « mais il a un droit public toujours respecté. Toutes « les institutions sont remarquables par leur carac- « tère libéral. » (T. ii, p. 289.) La prospérité de la Bretagne sous son duc Jean V et pendant les premières années du règne de Fran- çois II, fait un contraste frappant avec la misère où elle languissait sous Louis XIV, misère qui engendra l’insurrection dite du papier timbré, réprimée si cruellement. L’anarchie sanglante de la Ligue qui laissa l’espoir à Mercœur, durant dix ans, de ressusciter l’indépen- dance bretonne à son profit, la lutte incessante du gouvernement français contre les libertés garanties par le traité d’union et qui motiva la conspiration de Pontcallec, en 1720, la Terreur révolutionnaire, les exécutions de Brest, les massacres et les noyades de Nantes, les atrocités de la chouannerie, l’épuisement d’hommes, suite des guerres du premier Empire, firent regretter amèrement aux Bretons leur natio- nalité. Aussi le peuple s’écriait-il, dans un chant re- cueilli par M. de la Yillemarqué : « terre de Bre- « tagne, ô mon pays désolé, dans quelle mer d’afïlic- « tion as-tu été précipité ? Autrefois, tu étais beau,