Page:Rousse - La Poésie bretonne du XIXe siècle, 1895.djvu/9

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PREFACE / timent de sa nationalité, « la plus ancienne et la plus tenace de toutes celles de l’Europe *», sentiment qui se manifeste si énergiquement chez ses vieux histo- riens, d’Argentré et dom Lobineau, comme chez les plus récents, Le Huërou, Guillaume Le Jean et Arthur de la Borderie. La profusion des hermines sculptées sur les édi- fices, semées sur les bannières des églises et les décorations dans les fêtes publiques, ne permet pas de doute à cet égard. « En Bretagne, comme en Irlande, dit Michelet, « [Histoire de France, T. ii, p. 90), le catholicisme « est cher aux hommes, comme symbole de la natio- « nalité. » Les églises y sont encore non seulement « le sanc- « tuaire de la prière, mais en même temps pour le « peuple des musées constamment ouverts, des ga- « leries historiques. » (Jean Janssen, V Allemagne à la fin du moyen âge. T. i, p. 145.) L’intérêt qu’excite la langue celtique et la renais- sance de la poésie écrite en cette langue, dévoilent aussi la persistance de ce sentiment. Les efforts des rois de France ont été impuissants contre lui, de même que les violences des Assem- blées révolutionnaires, le despotisme de Bonaparte et les sourdes persécutions de l’Administration de- puis 1815. La conquête de la Bretagne par les Français, (car, en épousant Charles VIII, la duchesse Anne ne fit que céder à la force), a eu pour les Bretons des con- . F.-M. Luzel, Bepred Breizad, préface, p. xii.