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les poètes bretons français

Avec toi je ne viendrai plus
M’asseoir au foyer, sur la pierre.
Ta mère prendra soin de toi,
Mais saura-t-elle comme moi
D’eau bénite asperger tes langes
Et renouveler chaque soir
Le petit morceau de pain noir
Qui préserve des mauvais anges ?

Va, mon enfant, va, mon chéri,
Puisque ta mère te réclame ;
Va réjouir une autre femme
Dont le sein ne t’a point nourri.

Tu me regretteras sans doute.
Et lorsqu’aux champs tu reviendras,
Peut-être tu reconnaîtras
Ma chaumière au bord de la route.
Si tu pouvais te souvenir !…
Tiens, regarde bien le menhir
Et la croix où l’oiseau se pose…
Vois, mon amour, regarde encor ;
Là, des genêts aux grappes d’or,
Ici, des champs de trèfle rose.

Va cependant, va, mon chéri.
Puisque ta mère te réclame,
Va réjouir une autre femme
Dont le sein ne t’a point nourri.

Mais ta mère craint ma tendresse.
Ah ! tu ne reviendras jamais !