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la poésie bretonne au xixe siècle

En disant combien je t’aimais,
Elle accuserait sa faiblesse.
On ne voit point l’oiseau léger
Laisser aux soins d’un étranger
Son nid caché dans la charmille ;
En vain tout refleurit aux champs,
Parmi les trésors du printemps
Il ne veut rien que sa famille.

Va cependant, va, mon chéri,
Puisque ta mère te réclame.
Va réjouir une autre femme
Dont le sein ne t’a point nourri.

Mes larmes seraient trop amères.
Si je n’espérais plus te voir.
A ta porte j’irai m’asseoir,
Un jour, avec tes petits frères.
Devant nous tu devras passer,
Et tu A’oudras nous embrasser,
Retourner avec nous peut-être…
O mon Dieu ! qu’il en soit ainsi !
Oui, j’irai bientôt, mais aussi
Si tu n’allais plus nous connaître !

Va cependant, va mon chéri,
Puisque ta mère te réclame ;
Va réjouir une autre femme
Dont le sein ne t’a point nourri.

Adieu, qu’un ange t’accompagne
Et te garde dans le chemin !