Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/103

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petit manège, & tant mieux : car s’il se fâché, cela prouve de plus en plus son ingratitude, & s’il change de marchands on répété aussi-tôt la même manœuvre, la réputation qu’on veut lui donner se répand. encore plus rapidement. Ainsi plus il se débat dans ses lacs, & plus il les resserre.

Rousseau.

Voila, je vous l’avoue, ce que je ne comprenois pas bien d’abord. Mais, Monsieur, vous en qui j’ai connu toujours un cœur si droit, se peut-il que vous approuviez de pareilles manœuvres ?

Le François.

Je les blâmerois fort pour tout autre ; mais ici je les admire par le motif de bonté qui les dicte, sans pourtant avoir voulu jamais y tremper. Je hais J. J. nos Messieurs l’aiment, ils veulent le conserver à tout prix ; il est naturel qu’eux & moi ne nous accordions pas sûr la conduite à tenir avec un pareil homme. Leur système, injuste peut-être en lui-même, est rectifie par l’intention.

Rousseau.

Je crois qu’il me la rendroit suspecte : car on ne va point au bien par le mal ni à la vertu par la fraude. Mais puisque vous m’assurez que J. J. est riche, comment le public accorde-t-il ces choses-la ? Car enfin rien ne doit lui sembler plus bizarre & moins méritoire qu’une aumône faite par forcé à un riche scélérat.