Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/152

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égard, seroient à mes yeux, je le déclare, encore plus abominables que lui.

Certainement vos preuves sont d’une grande forcé ; mais il est faux que cette forcé aille pour moi jusqu’à l’évidence, puisqu’en fait de délits & de crimes cette évidence dépend essentiellement d’une épreuve qu’on écarte ici avec trop de soin pour qu’il n’y ait pas à cette omission quelque puissant motif qu’on nous cache & qu’il importeroit de savoir. J’avoue pourtant, & je ne puis trop le répéter, que ces preuves m’étonnent, & m’ebranleroient peut-être encore, si je ne leur trouvois d’autres défauts non moins dirimans selon moi.

Le premier est dans leur forcé même & dans leur grand nombre de la part dont elles viennent. Tout cela me paroîtroit fort bien dans des procédures juridiques faites par le ministere public : mais pour que des particuliers & qui pis est des amis aient pris tant de peine aient fait tant de dépenses aient mis tant de tems à faire tant d’informations à rassembler tant de preuves à leur donner tant de forcé sans y être obliges par aucun devoir, il faut qu’ils aient été animes pour cela par quelque passion bien vive qui, tant qu’ils s’obstineront à la cacher me rendra suspect tout ce qu’elle aura produit.

Un autre défaut que je trouvé à ces invincibles preuves, c’est qu’elles prouvent trop, c’est qu’elles prouvent des choses qui naturellement ne sauroient exister. Autant vaudroit me prouver des miracles, & vous savez que je n’y crois pas. Il y a dans tout cela des multitudes d’absurdités auxquelles toutes leurs preuves il ne dépend pas de mon esprit d’acquiescer. Les explications qu’on leur donne & que tout le monde,