Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/153

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a ce que vous m’assurez, trouvé si claires, ne sont à mes yeux gueres moins absurdes & ont le ridicule de plus. Vos Messieurs semblent avoir charge J. J. de crimes, comme vos théologiens ont charge leur doctrine d’articles de soi ; l’avantage de persuader en affirmant, la facilite de faire tout croire les ont séduits. Aveugles par leur passion ils ont entasse faits sûr faits crimes sûr crimes sans précaution sans mesure. Et quand enfin ils ont apperçu

l’incompatibilité de tout cela, ils n’ont plus été à tems d’y remédier, le grand soin qu’ils avoient pris de tout prouver également les forçant de tout admettre sous peine de tout rejetter. Il a donc falu chercher mille subtilités pour tacher d’accorder tant de contradictions, & tout ce travail à produit sous le nom de J. J. l’être le plus chimérique & le plus extravagant que le délire de la fievre puisse faire imaginer.

Un troisieme défaut de ces invincibles preuves est dans la maniere de les administrer avec tant de mystère & de précautions. Pourquoi tout cela ? La vérité ne cherche pas ainsi les ténèbres & ne marche pas si timidement. C’est une maxime en jurisprudence *

[*Dolus praesumitur in eo qui recta via non incedit, sed per anfractus & diverticula. Menoch. In Praesump.] qu’on présume le dol dans celui qui suit au lieu de la droite route des voies obliques & clandestines. C’en est une autre *

[*Judicium subterfugiens & probationes occultans malam causam, fovere praesumitur. Ibid.] que celui qui décline un jugement régulier & cache ses preuves est présume soutenir une mauvaise cause. Ces deux maximes si bien