Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/185

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grimacier de Fiquet qu’on avoit tenu long-tems en réserve jusqu’à ce que le moment de le publier fut venu, afin que la mine basse & risible de la figure répondit à l’idée qu’on vouloir donner de l’original. C’est encore alors que parut un petit médaillon en plâtre sur le costume de la gravure Angloise, mais dont on avoir eu soin de changer l’air terrible & fier en un souris traître & sardonique comme celui de Panurge achetant les moutons de Dindenaut, ou comme celui des gens qui rencontrent J. J. dans les rues ; & il est certain que depuis lors vos Messieurs se sont moins attaches à faire de lui un objet d’horreur qu’un objet de dérision ; ce qui toutefois ne paroir pas aller à la fin qu’ils disent avoir de mettre tout le monde en garde contre lui : car on se tient en garde contre les gens qu’on redoute, mais non pas contre ceux qu’on méprise.

Voila l’idée que l’histoire de ces differens portraits à fait naître à J. J. : mais toutes ces graduations préparées de si loin ont bien l’air d’être des conjectures chimériques, fruits assez naturels d’une imagination frappée par tant de mysteres & de malheurs. Sans donc adopter ni rejetter à présent ces idées, laissons tous ces étranges portraits ; & revenons à l’original.

J’avois perce jusqu’à lui, mais que de difficultés me restoient à vaincre dans la maniere dont je me proposois de l’examiner ! Après avoir étudie l’homme toute ma vie j’avois cru connoître les hommes ; je m’étois trompe. Je ne parvins jamais à en connoître un seul ; non qu’en effet ils soient difficiles à connoître ; mais je m’y prenois mal, & toujours interprétant